Dans son nouveau livre, « Mussolini, un homme à nous », Alberto Toscano fait revivre plus de vingt années de l’histoire franco-italienne. Infatigable collectionneur de journaux anciens, il a puisé dans sa fabuleuse collection pour retrouver ce que les hommes politiques et les éditorialistes des journaux français disaient du Duce, témoignant à son égard d’une extraordinaire indulgence pour ne pas dire complaisance. La France commence à s’intéresser à Benito Mussolini à la veille de la première guerre mondiale, lorsque des hommes politiques tels que le ministre Jules Guesde, socialiste marxiste, ou le communiste Marcel Cachin, futur secrétaire général du PCF, voient dans le futur Duce un personnage clé, capable de pousser Rome vers la guerre. Jules Guesde annonce en 1915: « L’Italie va entrer en guerre à nos côtés », et il confie « Nous avons un homme à nous, c’est Mussolini. Nous l’avons aidé pour lancer son journal « Il Popolo d’Italia » par un premier envoi de 100.000 francs. » Sept ans plus tard, en 2022, lorsque Mussolini accède au pouvoir grâce à la marche sur Rome, la complaisance perdure: la classe politique et la presse voient en le futur Duce l’homme capable de rétablir la loi et l’ordre en Italie. Il faudra attendre l’assassinat du député socialiste Giacomo Matteotti (en 1924) et surtout l’agression contre l’Ethiopie et la Guerre civile d’Espagne (où Mussolini envoie des troupes pour aider Franco) pour que l’indulgence commence à vaciller. Alberto Toscano, qui vit à Paris depuis 36 ans et écrit dans différents médias italiens, est aussi, depuis trois décennies, l’un des journalistes de la presse internationale les plus présents sur les chaînes de radio et de télévision françaises.