Conversation particulièrement intéressante de Michele Canonica et Paolo Romani avec Jean-Louis Poirier, fervent italophile, inspecteur général de philosophie, auteur de plusieurs ouvrages, dont « Enseigner la philosophie, l’exemple italien » (Conférence, 2011) et « Ne plus ultra : Dante et le dernier voyage d’Ulysse » (Les Belles Lettres, 2016).

On accuse souvent les Français de chauvinisme. Bien au contraire, Poirier illustre son admiration pour l’enseignement italien de la philosophie dans les lycées, et concentre son attention sur le troisième et dernier volet – pratiquement ignoré par la culture française – de la grande aventure d’Ulysse, beaucoup après son invention du cheval de Troie et ses longues pérégrinations à travers la Méditerranée : son nouveau départ d’Ithaque, vers l’inconnu, en compagnie de ses compagnons, jusqu’au naufrage final (chant 26ème de l’Enfer). Pourquoi a-t-il été condamné par Dante au supplice éternel ? Pour avoir dupé les Troyens afin de conquérir leur ville, ou pour avoir profité de la confiance de ses fidèles et les avoir amenés vers une mort quasiment certaine, ou bien pour avoir poussé sa curiosité intellectuelle au delà des limites consenties par la sagesse divine, autrement dit – comme Dante est encore un homme du Moyen Age – par l’Eglise ? Question très, très difficile…