Sexe et cuisine: Alessandra Pierini raconte comment se nourrissaient les pensionnaires des maisons de tolérance italiennes.
Par Rédaction
Ambassadrice de la cuisine italienne en France, Alessandra Pierini raconte, dans son dernier livre et en 36 recettes, comment se nourrissaient les pensionnaires des maisons closes italiennes. Son dernier livre, « La cuisine des maisons de plaisir italiennes » est un véritable bijou, une plongée dans les coulisses de ces lieux dont la loi de la République italienne a ordonné la fermeture définitive en 1958, mais qui aujourd’hui encore alimentent les fantasmes. C’est par la découverte chez un bibliomane de Forlimpopoli (province de Bologne) d’un petit volume d’une vingtaine de pages à peine, d’après le carnet d’une tenancière, que tout a commencé. Alessandra Pierini s’est lancée dans la traduction, a ajouté des explications et des considérations, tout en fouillant dans les méandres de ce monde aussi déroutant que captivant. C’était l’époque où l’Italie « tolérait » pour reprendre le titre d’un livre mythique de Giancarlo Fusco, « Quando l’Italia tollerava ». Mêlant histoire, culture et recettes traditionnelles, Alessandra Pierini explore la gastronomie spécifique des maisons closes italiennes, tout en expliquant comment la cuisine y jouait un rôle central, non seulement sur le plan gustatif, mais aussi comme un élément social et culturel important. L’approche est originale, entre recherches historiques et anecdotes, sans oublier la richesse des recettes présentées.
À la plongée dans les cuisines des maisons closes, l’auteure a ajouté un petit lexique (non exhaustif) de l’argot de la prostitution, et surtout un chapitre érudit et passionnant sur la cuisine italienne à l’époque du fascisme (1922 - 1943). Elle explique comment la manière de se nourrir à cette époque reflétait les réalités économiques, politiques et sociales sous la houlette de Mussolini, lorsque l’idéologie pénétrait dans les cuisines et imposait aux ménagères de respecter les impératifs du régime. Le fascisme promouvait une politique d’autosuffisance alimentaire (autarcie) pour réduire la dépendance aux importations étrangères. La cuisine était aussi utilisée comme un outil de propagande pour renforcer l’identité nationale, et également pour célébrer, au travers des plats régionaux, la diversité culturelle de l’Italie.



