Ecoutons le récit fascinant de Patrizia Nitti, directeur artistique du Musée Maillol de Paris, et de Jean-Loup Champion, commissaire de l’expo « Le trésor de Naples. Les joyaux de San Gennaro » (au Musée Maillol du 19 mars au 20 juillet 2014). Montré pour le première fois en dehors d’Italie, le trésor de San Gennaro est l’une des plus grande collections de joaillerie du monde, comparable à celles de la couronne de France ou d’Angleterre. Cependant, il n’appartient ni aux anciennes dynasties régnantes, ni à l’Etat, mais au peuple napolitain lui-même.

San Gennaro, Saint Janvier, mort en martyr des persécutions de Dioclétien, est le grand saint patron de la ville de Naples. Son sang, recueilli dans deux ampoules, se liquéfie trois fois par an, aux même dates depuis des siècles : un phénomène que même la science ne peut pas expliquer.

Le 13 janvier 1527, un contrat insolite est établi devant notaire entre le peuple de Naples et le Saint, mort depuis plus de mille deux cents ans. En échange de sa protection contre les éruptions du Vésuve et la peste, les Napolitains s’engagent à constituer et à garder un trésor dans la chapelle qui lui ont construite et dédié dans la cathédrale. Aujourd’hui ce culte n’a rien perdu de sa vigueur. Ce sont les plus importants chefs-d’œuvre du Trésor de San Gennaro, réalisés et accumulés au cours des siècles, qui sont montrés dans l’exposition ; entre autres, le collier et la mitre du saint, quinze bustes colossaux et le reliquaire.