Anna Vinci raconte Tina Anselmi, « pasionaria » de la Résistance et de la politique italienne
Par Rédaction
C’est le portrait d’une femme d’exception, Tina Anselmi, que nous propose dans cet entretien son amie et biographe Anna Vinci, écrivaine, auteure de romans et d’essais. Tina Anselmi a été une figure incontournable de la vie politique italienne dans la deuxième moitié du 20ème siècle. Formée par la Résistance, à laquelle elle s’était jointe en 1944 à peine âgée de 17ans, dans l’Italie du Nord occupée par les nazis et gouvernée par le régime fantoche de la République de Salò présidée par un Benito Mussolini déclinant, elle a été un personnage clé de la vie politique italienne jusqu’à la fin du siècle. Catholique, elle avait adhéré à la Démocratie Chrétienne dès la formation de ce parti dans l’Italie libérée. Elle avait participé aux luttes syndicales de l’après guerre avant d’être élue députée. Au Parlement elle avait épaulé une autre femme, Lina Merlin, dans la bataille pour l’abolition des maisons closes (officiellement fermées en 1958). Tina Anselmi avait été la première femme ministre dans l’histoire de l’Italie, ministre du Travail (1976 - 1978) puis ministre de la Santé (1978 -1979). C’est à elle qu’on doit la création du Service Sanitaire National en Italie. Elle avait été terriblement affectée par la tragédie de l’enlèvement et de l’assassinat, par les Brigades Rouges, du leader de la Démocratie Chrétienne Aldo Moro auquel elle était très liée. En 1981-1985 c’est à Tina Anselmi qu’avait incombé la lourde tâche de présider la commission parlementaire d’enquête sur la loge maçonnique secrète, la tristement célèbre P2 de Licio Gelli. Elle s’était retirée de la vie politique au tournant du siècle pour terminer ses jours dans sa ville natale de Castelfranco Veneto, en Vénétie, où elle s’est éteinte en 2016 à l’âge de 89 ans. Dans l’interview qu’elle nous a accordé, à la question « que reste-t-il de Tina Anselmi ? », Anna Vinci a simplement répondu: « Tina Anselmi ».