Il y a un « mystère Angelica Balabanoff ». Pourquoi cette femme qui fut de tous les combats, de toutes les révolutions, de toutes les luttes sociales, de toutes les querelles intellectuelles et idéologues entre la fin du XIXe siècle et le premier tiers du XXe est-elle inexplicablement et totalement tombée dans l’oubli? Pourquoi le nom de celle qui oeuvra aux côtés de personnalités de premier plan telles que Mussolini, Turati, Nenni, Lénine, Trotski, Ben Gourion, n’est-il connu que des chercheurs et des historiens spécialistes de l’histoire du XXe siècle? C’est à ces questions que cherche à répondre Alberto Toscano, journaliste et écrivain italien bien connu du public français, dans son dernier livre, « Camarade Balabanoff » paru aux éditions Armand Colin. L’auteur nous propose un portrait étonnant - et attachant - de celle qui fut surnommée « la grand-mère du socialisme » et dont la vie hors normes se déroula entre Turin, Milan, Rome, Zurich, Vienne, Berlin, Moscou, Stockholm, Paris et New York avant son retour, après la 2ème guerre mondiale, à Rome où elle mourut oubliée de tous en 1965. C’est ce personnage extraordinaire, militante socialiste, communiste, pacifiste, féministe, dont la vie fut guidée sans relâche par un grand sens moral et un idéal social généreux, qu’Alberto Toscano tire de l’oubli. La grande originalité de son livre c’est d’avoir « interviewé » Angelica. Mais n’allez pas croire que l’interview soit imaginaire. Certes, Alberto Toscano a inventé les questions, mais toutes les réponses, du premier au dernier mot, sont tirées des écrits, des discours et des procès verbaux des interventions d’Angelica. C’est ainsi que Alberto Toscano non content de la tirer de l’oubli, ressuscite la « camarade Balabanoff » pour le plaisir des lecteurs.